2017


 

Entre deux

 

 

Le soleil disparaît doucement derrière les montagnes. Elles de découpent sombres sur le ciel oranger. Des nuages, rose et violet, habillent l'horizon.

 

Le vent s'est arrêté de souffler et seules quelques feuilles frissonnent encore dans le calme de la nuit qui approche.

 

Déjà les oiseaux se sont tus et ont regagné leurs abris. Au loin on entend quelques cris de rapaces nocturnes qui lancent la chasse.

 

 

Du fond des bois monte un silence tranquille, apaisant. L'obscurité avance et gagne sur les derniers traits de lumière.

 

Enfin la nuit vient, noire et profonde, calme et puissante.

 

La Lune se lèvera tout à l''heure, pleine et ronde, lumineuse et rassurante.

 

Mais pour l'instant plus rien n'éclaire les bois. Les arbres et les buissons, les pierres et les rochers, les animaux au sol et dans les airs, tous et toutes restent dans la pénombre. Plus rien ne bouge et aucun son ne se fait plus entendre.

 

Bientôt les activités nocturnes animeront le sous bois : des cris, des chants, des appels se feront entendre ; des pas, des galops, des poursuites ou des escalades envahiront l'espace.

 

Mais maintenant tout est calme, tranquille, silencieux.

 

La nuit pourtant déjà là semble attendre encore avant de lancer la vie qui l'anime.

 

Entre les mondes clair et obscur, diurne et nocturne, visible et caché…

 

Mais l'entre deux ne dure pas et la vie reprend ses droits...

 

 

 

07/12/2017

 


 

 

Journée de communion

 

 

 

Une journée de connexion. Une journée de paix, de solitude, de communion avec moi.

 

Une journée où j'ai pu m'ouvrir sans danger, où j'ai pu laisser toutes les protections.

 

La Terre m'a accueillie en son sein, la Nature m'a ouvert ses portes.

 

Un sentier pierreux, un sentier entre les épines. Un figuier en guise de porte. Une pierre qui marque l'entrée.

 

Et me voilà ailleurs…

 

Les éléments me ramènent dans le vrai :

 

Les falaises, la terre, l'eau qui coule et celle qui reste paisible, l'air, le vent qui souffle doucement dans les arbres, le feu, lui vient de moi, il coule dans mes veines, bat dans mon cœur.

 

Et dans le creux de la terre, les yeux sur l'eau, je suis ici, je suis moi.

 

Un chant, un écho, mon cri qui résonne entre les parois de la falaise.

 

Et toujours omniprésents, discrets, les oiseaux m'accompagnent, merles, geais, petits passereaux et grand corbeau, une buse…

 

J'ai marché dans le lit asséché, j'ai suivi le cours de l'eau. J'ai senti la puissance éteinte mais toujours présente. J'ai vu la force qui doucement travaille, saisons après saisons.

 

En ce moment de descente en période sombre, il était si bon de sentir le repos s'installer avant le retour prochain du printemps et des flots tumultueux, des cascades virevoltantes et des sources ruisselantes.

 

Je me suis sentie en adéquation, juste à ma place.

 

 

 

Et encore, au détour d'une ouverture de l'âme, d'un lâcher prise, une leçon, un conseil, un éclairage…

 

Je sais. Je sais maintenant ce qu'il se passe dans mon corps et ce que cela veut dire.

 

Un caillou lancé dans l'eau, la diffusion de l'onde, les retours plus puissants, le besoin de murs pour me la renvoyer.

 

Oui, un caillou et quelques vaguelettes m'ont éclairée et approchée de la vérité, de ce que je vis et de ce que cela veut dire.

 

Je suis restée étourdie, bête de voir que les choses si simples de la Nature peuvent si facilement expliquer ce qu'il se passe en nous.

 

Et je suis repartie le cœur heureux et j'avais envie de hurler, de remercier, de partager ma découverte avec la forêt entière.

 

Seule dans ces bois, j'ai pu me retrouver et trouver la femme sauvage en moi.

 

Elle se fait de plus en plus présente aujourd'hui et me permet d'être plus moi-même, plus fidèle à ce que je suis, ce que je ressens, plus forte aussi.

 

 

 

Aujourd'hui j'ai communié, j'ai prié, j'ai remercié, laissé des offrandes, laissé de moi, repris force et énergie, et de quoi tenir, de quoi endosser plus facilement un rôle, une place qui ne me correspond pas totalement, car je sais que ma vraie place est là, au fond de moi.

 

Et tant que je ne la renierai pas, tant que j'y resterai fidèle, tant que ma louve restera sauvage au creux de mes reins, rien ne pourra me couper de moi, pas même moi...

 

 

 

12/11/2017

 


 

 

La Louve

 

Le soleil décline à l'horizon, il se rapproche doucement des sommets. Les nuages se colorent, du blanc au gris foncé, du doux rose au rouge sang, du vif oranger au profond violet.

 

Les derniers rayons glissent jusqu'au bois, jusqu'à moi, éclairant de leur lumière rasante les feuilles des chênes, les aiguilles des genévriers, faisant briller la roche affleurant et les pierres empilées.

 

Dans ce coucher de soleil, de tombée de nuit, le silence se fait.

 

Moment entre deux mondes, entre le jour, son agitation et la nuit et sa quiétude. En cet instant, la vie hésite, retient son souffle, marque une pause.

 

Et juste là, je sens la force qui guide mes pas, la puissance de la Nature, le sens de la vie, le pourquoi et le quand de la mienne.

 

Je suis là, aujourd'hui, maintenant, oubliant hier et ses regrets, ne pensant pas à demain et ses incertitudes.

 

Non, juste maintenant, juste à ce moment précis où le soleil bascule de l'autre côté, où le bleu foncé l'emporte sur l'oranger et le rose, où aucune pensée ne me traverse, où juste ce sentiment d'appartenance et ce besoin de vivre, emplissent mon cœur, mon corps et mon âme.

 

 

Et quand la nuit sera venue, quand une autre vie commencera, quand les étoiles, une à une, s'allumeront, quand la Lune fera son apparition, quand les oiseaux de nuit déploieront leurs ailes, quand des yeux brillants s'animeront, quand des pas furtifs se feront entendre et quand le besoin de rentrer se fera sentir, alors je m'arracherais à ma contemplation, à ma connexion, à cet ancrage et je rejoindrais votre monde, j'endosserais à nouveau ma tenue de femme, je laisserais ma peau de louve, là derrière moi, dans les bois.

 

Sans doute laisserais-je encore juste un hurlement traverser ma gorge avant de revenir sur mes pas…

 

 Et certains soirs, je ne reviens pas, laissant la louve galoper entre les arbres jusqu'au sommet de la colline, pour hurler à la Lune.

 

Certains soirs je ne permets pas à la femme de rentrer et donne liberté à la louve en moi, lui offrant une nuit pour lâcher prise, pour courir, sauvage et animale, pour aller jusqu'au point, tout au fond de moi où je suis juste à ma place.

 

Et au matin, la louve s'apaise et laisse la femme revenir, épuisée mais ressourcée, à bout de sentiment mais tellement pleine de vie.

 

Et au matin je m'endors, entière, louve nourrie et femme en équilibre.

 

Et au matin, un nouveau départ, une nouvelle porte qui s'ouvre, une nouvelle chance.

 

11/11/2017

 

 

 


 

Laisser faire

 

 

Les accords de guitare claquent, les cordent vibrent. Je sais que c'est l'ordi, mais si je ferme les yeux et si je me laisse aller… je retrouve un autre moment, une autre sensation.

 

Mon âme chavire, mon corps est au bord du vide, mon cœur est déjà dans le précipice.

 

 

Les notes, le rythme, tout me renvoie et arrache mon esprit. Mon corps est impuissant à lutter pour le retenir. Lui même m'abandonne par moment, défaillant sur de seules pensées.

 

 

Je ne peux freiner ce que je ressens, je ne peux faire comme si rien ne se passait. Je ne peux que laisser faire, voir où mes pas me mènent.

 

C'est dur de ne plus rien maîtriser, de laisser le contrôle à la vie.

 

Mais c'est doux aussi de ne pas réfléchir et de laisser les choses se passer et juste les apprécier.

 

 

Et pourtant j'aurais la tentation de lutter, de vouloir rattraper ce qui part au galop, tout ramener au pas, voire tout arrêter.

 

Cette tentation n'a pourtant déjà plus assez de prise et laisser avancer, courir, perdre haleine, est juste ce que je veux.

 

 

Un sentiment étrange étreint mon âme et mon corps. Le besoin de le comprendre me harcèle : je ne sais pas où je suis exactement, ni où je vais, ce que je ressens et pourquoi. Mais ce sentiment m’envahit si fort et de manière si douce qu'importe si je ne comprends rien.

 

 

J'ai décidé, sans m'en rendre compte, de laisser faire et de juste regarder où tout cela me mène, de juste être et vivre ce qui m'est offert.

 

 

10/11/2017

 


 

 

Enfin

 

 

Enfin, elle est là !

 

Enfin le ciel s'obscurcit vraiment, enfin les nuages noirs s'arrêtent, enfin l'orage gronde sur la colline, enfin les éclairs zèbrent le ciel, enfin le tonnerre déchire le ciel.

 

Enfin l'eau tombe, encore et encore en averse longue et généreuse, en pluie violente et bienfaitrice.

 

 Enfin elle inonde les ornières et ravine les pierriers.

 

 Enfin elle creusent ses sillons sur le sentier et ruisselle entre les cailloux.

 

 Enfin elle se déverse sur la Nature assoiffée, enfin elle comble cette interminable attente.

 

 Enfin elle bénit les plantes et les arbres, les animaux et les hommes.

 

 Enfin...

 

 4-11-2017

 


 

 

Juste

 

 

 

 Les éclairs se succèdent, m'électrisent.

 

 Le tonnerre gronde et rugit, résonne dans mon corps.

 

 Les coups qui tombent si près me font sursauter et agitent mon corps de soubresauts.

 

 L'énergie libérée du Ciel à la Terre passe en moi.

 

 Je sens son mouvement fort et violent me traverser.

 

 Je sens le plaisir me traverser à sa suite.

 

 Je suis en transe, proche de l'extase.

 

 Je ressens la vie, là, dans l'eau qui ruisselle sur mon corps, dans le feu qui tombe et illumine ma peau, dans l'air qui s'agite et me secoue et dans la terre où mes pieds sont ancrés et qui les accueille tous.

 

 Comme Elle est belle, comme rien n'est plus fort qu'Elle. Rien n'est plus à sa place, en équilibre, juste…

 

 Je la sens en moi, je la vis dans mon corps, dans mon cœur.

 

 Je reçois d'âme à âme, d'énergie à énergie, la certitude que tout est juste comme il faut. Rien n'a été loupé, rien n'est en retard, tout arrive au bon moment.

 

 La souffrance est une part de la vie et seuls ceux qui devaient encore être seront là demain…

 

 04-11-2017

 


 

 

La vie

 

La vie est là, forte, joyeuse, remuante.

 

Elle attend juste que tu la prennes, que tu la portes en toi.

 

Et toi, ton cœur, ton corps, n'attendent que ça : Pouvoir enfin rire, aimer, jouer, sans remord, sans regret, sans morale.

 

Tu peux juste la frôler et ressentir ce petit courant d'air frais, celui qui agite doucement les feuilles des arbres, qui fait bouger tes cheveux.

 

Mais tu peux aussi te jeter dedans et sentir le vent, fort, violent, qui chavire tout, qui fait s'envoler les pages du livre, qui renverse les chaises et chasse les nuages.

 

 

Je crois que le vent en moi s'est transformé en ouragan.

 

Je crois que tout va être dévasté. Chavirés mes sentiments, démontées mes peurs, ravagée ma tristesse.

 

Je me laisse emporter, je file, je rattrape les nuages. Je vole au dessus du monde, je le regarde de haut, si triste, si noir et je n'ai plus envie de quitter le ciel.

 

Et pourtant le vent, sans cesser, va devoir me reposer sur terre. Je vais devoir m'y ancrer à nouveau, je vais devoir le laisser filer.

 

Mais je sais qu'il reste fort et vivant en moi.

 

Je sens la vie en moi, je sens mon cœur battre plus fort, je sens le sang qui cogne dans mes veines, je le sens entrer et sortir de ma poitrine.

 

Je sais que je suis vivante.

 

Et je peux maintenant m'enraciner à nouveau, laisser la terre me fixer à elle. Je sais que mes racines ne m’empêchent pas de vivre.

 

Elles ne m'emprisonnent pas, elle m'ancrent juste, me rendent plus libre, sont mes bases, mon socle duquel je peux m'envoler, encore et encore…

 

 

15-08-2017

 


 

 

Un orage

 

 

 

Trois gouttes s'écrasent sur mon épaule, mon sein et mon bras.

 

Le nuage noir continue sa course poussé par le vent du Sud. Il cachera bientôt tout le ciel.

 

Le soleil déjà derrière les montagnes ne peut plus lutter. L'obscurité avance doucement.

 

Les gouttes claquent autour de moi. Une odeur de terre mouillée, d'humus, de sauvage emplit l'air.

 

La pluie devient plus forte et ruisselle sur mon visage tourné vers le ciel, suit mes cheveux et roule dans mon dos.

 

Et soudain un premier craquement sourd du tonnerre. La Nature entière est électrique.

 

Le sol asséché, les plantes assoiffées et les animaux impatients semblent en attente du déluge.

 

Mais l'orage tourne autour de nous. La pluie va et vient.

 

L'averse salvatrice ne vient pas.

 

 

Je suis mouillée, la terre est humide, les plantes perlent quelques gouttes au bout de leurs feuilles mais nous restons frustrées, privées de la vie.

 

Le nuage noir, lourd, chargé d'eau s'éloigne avec l'orage. Le ciel s'éclaircit, la pluie cesse complètement et la tension retombe d'un coup.

 

La Nature est encore en attente mais comme moi elle sait que la pluie ne viendra plus, l'eau ne ruissellera pas le long des talus, il n'y aura pas de flaques troubles entre les pierres, la terre ne sera pas trempée et je ne le serai pas non plus.

 

J'avais envie que ce soir la pluie et l'orage lessivent mon âme, nettoient mes sentiments, lavent mes souffrances… en même temps qu'ils redonneraient vie aux plantes, aux arbres et aux herbes...

 

 

15-08-2017